Selon Martine Laval, plus que jamais il devient indispensable de connaitre le fonctionnement de notre cerveau afin de savoir discerner ce que nous pouvons accepter et ce que nous devons refuser de ses incitations ou de ses sommations. Mais comment s’y prendre pour orienter et maîtriser l’organe central qui semble être aux commandes. Aux commandes ! D’ailleurs qui commande ? Comment lui donner des ordres et comment cesser de lui obéir ? Nos émotions par exemple ont souvent tout pouvoir sur nous-même. Elles nous bouleversent, nous dominent et nous emportent parfois. Souvent notre fragilité ne veut pas les entendre, et nous empêche de les ressentir. Et là notre conscience d’être est indispensable pour les faire circuler et les utiliser à bon escient.
Dans nos sociétés gouvernées par l’économie, obsédées de résultats chiffrés, de rentabilité, de performances et guidées par la croissance et la surconsommation, la montée du stress devient banale et génératrice de maladies. Même nos avancées technologiques, aussi extraordinaires soient-elles, commencent à asservir l’être humain plus qu’elles ne le libèrent. Si nous ne mettons pas notre conscience aux commandes pour échapper individuellement et collectivement à cette grave dérive, notre « monde malade » risque d’être à l’agonie et nous avec. Et si le responsable de cette dérive, que nombre d’entre nous constate aujourd’hui, était bien notre ordinateur central : notre cerveau ?
Le cerveau est apparu avec l’évolution animale il y a des millions d’années dans un environnement ou la survie s’imposait à toutes les espèces, y compris les espèces dominantes qui n’échappaient pas aux meutes d’espèces inférieures : manger ou être mangé, lutter ou fuir, dans un perpétuel affrontement. Peu à peu, ce cerveau reptilien s’est socialisé avec l’apparition du cerveau limbique chez les mammifères. L’instinct de protection des petits s’est développé ainsi que l’appartenance au groupe. Beaucoup plus tard le cortex se développe puis le néocortex apparaît chez l’humain avec des facultés d’abstraction, d’imagination et une plus grande socialisation.
Le problème est qu’aujourd’hui, nous n’avons pas ou peu modifié sa programmation de notre cerveau dans ce monde d’abondance que nous avons généré en partie grâce à lui, sur la moitié de la planète. La peur du manque est toujours son obsession, témoin ces éternelles addictions au toujours plus. Le rejet de la différence est son histoire, l’Autre, l’Etranger étant toujours ressenti comme une menace en puissance. Sous un polissage apparent, le noyau de notre cerveau est toujours un cerveau de prédateur, et nous qui l’hébergeons, restons souvent à son image.
L’homme est certes une concrétion éphémère, mais c’est aussi une poussière d’étoiles, douée de l’aptitude de vivre sur cette terre. Nous avons reçu la conscience en héritage. Il est indispensable d’y recourir. Elle seule peut encore nous aider à calmer nos instincts meurtriers qui surgissent dès que le danger survient, qu’il soit fictif ou bien réel. Mais c’est un immense voyage que ce voyage intérieur grâce auquel nous peaufinons peu à peu le discernement qui nous permet de dompter notre ego, arrimé à nos instincts de survie omniprésents.
Notre objectif est d’utiliser notre cerveau comme l’on se sert d’un « outil », certes performant dans toutes les réalisations concrètes qu’il nous permet de « FAIRE », mais surtout pas comme un « donneur d’ordre », car il est une vraie barrière à notre puissance d’amour et de partage qui sont nos véritables dimensions « d’ETRE ».
Notre cerveau est concerné par notre personne, notre conscience par notre « ETRE ». A nous de nourrir le second plutôt que le premier. Martine Laval nous donne des pistes pour discipliner celui qui parfois devient notre pilote automatique.